vendredi 22 mai 2015

Histoire des trois petits gorets...



Il était une fois trois petits gorets : le grand petit goret, le moyen petit goret, et le petit petit goret.
Un jour, leur maman cochonne leur dit : « Mes chers fistons, vous êtes bien gentils, mais j’en ai assez de vous voir passer des heures devant la télé à faire du lard. Il est temps pour vous de quitter votre home sweet home afin de construire votre home sweet home.»
Les trois petits gorets, pris au dépourvu, firent donc leur baluchon pour voler de leurs propres ailes, ce qui à la base n’est pas chose facile pour un cochon non zélé.
Le grand petit goret, qui était le plus feignant des trois, vit des bottes de paille dans un champ et décida de s’en servir pour construire sa case. L’affaire allait ainsi être rondement menée et il pourrait continuer à regarder les matchs de foot en buvant de la bière et en mangeant des sandwiches.
 
Le moyen petit goret, un peu plus courageux, poursuivit son chemin jusqu’à la forêt où, en empilant quelques troncs d’arbres de façon judicieuse, il se fabriqua une merveilleuse hutte écolo et design façon Starck.
Le petit petit goret, le plus malin des trois, jeta son dévolu sur une villa secondaire inoccupée avenue Foch, avec piscine et jacuzzi, cuisinière, chauffeur et jardinier à disposition.
Mais le grand méchant loup, qui avait observé leur manège grâce à ses jumelles infrarouges, vit là l’opportunité de remplir son garde-manger à moindre coût.
Il se précipita chez le grand petit goret, avachi devant sa télé, souffla, souffla, même pas très fort, et la case s’envola. Et le grand petit goret enfourcha son vélo pour se réfugier dans la hutte de son benjamin.
 
Le loup, assez fier de ses capacités pulmonaires, en profita pour prendre quelques photos de la case en ruine afin de les poster sur Facebook, et se rendit tranquillement chez le moyen petit goret.
Là, même scénario, au grand dam des pauvres petits gorets tremblant de peur. Le loup souffla, souffla, et la hutte s’envola rapidement car le design, c’est chouette, mais pas solide. Le moyen petit goret bondit sur le dos du grand petit goret, lui balança quelques coups de fouet pour le faire avancer plus vite, au grand plaisir du grand petit SM goret.
Ils s’enfuirent ainsi chez le petit petit goret qui faisait le malin en se prélassant dans son jacuzzi avec deux belles cochonnettes qui lui récitaient du Baudelaire, car on a beau être cochonnes, on n’en est pas plus stupides pour autant.
 
Les deux petits gorets délogèrent les deux cochonnettes, au grand soulagement de leur petit frère qui commençait à saturer un peu avec Baudelaire. Les deux frères lui racontèrent des blagues de Toto, car, y a rien à faire, rien de mieux que de bonnes blagues de Toto pour se détendre dans un jacuzzi après avoir écouté du Baudelaire pendant trois heures. Et les trois petits gorets rirent tellement qu’ils faillirent se noyer tous les trois, ce qui eut été fort dommage pour la suite de l’histoire.

A cet instant le loup sonna à leur porte, déguisé en Giscard d’Estaing, car ce loup était plus malin que ses semblables et se doutait bien que s’il soufflait sur une maison Avenue Foch, ça ferait louche. Le petit petit goret, enfila vite son peignoir de bain et alla ouvrir.

Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à cet éminent homme d’état.
« Bonchour, dit le loup, contrefaisant à merveille sa voix pour imiter celle de Giscard. Comme vous le chavez, ch’ai l’habitude de venir décheuner dans un foyer franchais le premier dimanche du mois, et ch’est chur vous que ch’est tombé. Vous avez drôlement de la chanche ! »
Rappelons-le, le petit petit goret n’était pas né de la dernière pluie, mais il avait oublié que Giscard n’était plus Président depuis 1981.

Il appela donc ses frères afin qu’ils aillent vite chercher des croissants et préparent le café. Pendant ce temps, il convia Giscard à profiter du jacuzzi et lui raconta quelques blagues de Toto en lui jouant de l’accordéon pour le détendre.
Le loup rit beaucoup et faillit en oublier l’objet de sa visite. Heureusement, l’accordéon commença à lui taper sur les nerfs au bout d’une heure et la faim se fit sentir de façon plus intense.
Dès qu’ils passèrent à table, il sortit un énorme sac de sa poche et convia les trois petits gorets à y pénétrer afin de les ramener chez lui pour les présenter à Anémone tant il les trouvait sympathiques.

Les petits gorets ne se le firent pas dire deux fois car une occasion d’aller voir Anémone ne se refusait pas.
Et c’est ainsi que le loup ramena les trois petits gorets pour les dévorer tranquillement chez lui sans coup férir et sans se faire cramer le derrière dans une marmite d’eau brûlante.